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le 24/09/2003

A méditer... par les structures de production audiovisuelle


AU SECOURS... Y A T’IL ENCORE DES VIVANTS ?






Si je peux comprendre que certains d’entre vous soient découragés, ou que d’autres le nez dans le guidon ne puissent pas prendre le temps de réagir même à contrario à une proposition d’appel national , par contre je ne m’explique pas comment, des professionnels pour la plupart impliqués dans des films censés dénoncer les failles et injustices de notre société, soient devenus majoritairement si discrets et si peu indignés par rapport aux injustices et déraillements dans leur propre profession. Contrairement au spectacle vivant ou les employeurs affichent publiquement leur totale solidarité avec les intermittents que se passe t’il chez nous ? Contrairement à d’autres secteurs ou la cohésion professionnelle est intégrée comme une force incontournable, que se passe t’il dans nos propres rangs ?

Pour ceux, qui se croyant les producteurs « d’en haut », seraient tentés de rallier la pensée libérale à savoir : que l’élimination de certains renforcerait la rentabilité des autres, qu’ils se méfient, en souscrivant à ce modèle individualiste, toujours apte à pousser sa logique jusqu’au bout, ils peuvent être certains de faire partie un jour ou l’autre de la charrette. Outre, que cette option représente un pragmatisme cynique à très court terme, c’ est une attitude parfaitement indigne, inique, mortifère et enfin de compte misérable.

Oui, moi je crois à une culture du partage et non de « l’assainissement », je crois en l’absolue vigilance et aux combats sans relâche, pour faire en sorte que l’homme abandonne certaines de ses conduites prédatrices, car le prédateur grisé par sa réussite peut vite devenir un frénétique insatiable, qui prélève et accumule bien au delà du raisonnable, sans tenir compte de son environnement, qui peut même devenir dangereux et peut se transformer en killer, car convaincu de la légitimité de sa situation de dominant, il ne supporte aucun obstacle, et son arrivisme est sans borne (n’oublions jamais que les intérêts financiers sont bien au dessus des lois, des états et que dans le monde on gouverne et on assassine au nom de ces mêmes intérêts !).

Pourquoi toute action de rationalisation dans nos sociétés devrait elle aboutir systématiquement à un phénomène d’éradication d’une partie de ses individus, comme on élimine une tumeur pour la survie de ce qui serait la partie saine ? On pourrait espérer avec beaucoup d’utopie, (ce qui est différent de la naïveté, car l’utopie est une revendication) , que la véritable démocratie consisterait justement à établir des équilibres, rectifier des injustices et non à régner pour sa propre caste en organisant un cynique partage des marchés, cad la pénurie pour certains, la gabegie pour d’autres, avec comme arme absolue le fait de toujours diviser pour régner.

Si l’on regarde notre seul secteur, ce n’est pas le trop grand nombre de producteurs qui doit être incriminé, ni le trop grand nombre des intermittents, ni la restriction des enveloppes budgétaires, mais la répartition du travail et des richesses. A la limite, il ne s’agit pas d’opposer les gros contre les petits, Paris et les régions, le flux et l’œuvre de création, mais de permettre à chacun des secteurs de pouvoirs coexister de manière équitable.

Rectifier les dérapages cela consisterait à mettre vraiment à plat tous les problèmes, renoncer à l’hypocrisie instituée dans nos pratiques et à se poser les bonnes questions :

est-il équitable que des sociétés détenues par des présentateurs vedettes s’enrichissent de manière stupéfiante sur le dos du service public, ( pour ne prendre qu’un exemple Réservoir Prod affiche un CA de 2 MF par semaine avec le service public),

est-il équitable que les « produits racoleurs »fabriqués par ces mêmes sociétés amputent le quota des obligations de production des chaînes publiques ( de 14 à 17% de leur CA selon les chaînes ) et rentrent dans la définition des productions indépendantes ? Quel doit être le statut d’un producteur qui travaille uniquement à la commande, par rapport à un vrai indépendant qui prend un risque majeur sur chacun de ses films ? (pour moi cela peut être assimilé à de la concurrence déloyale).

est-il équitable de laisser la prédominance au sein des chaînes aux seuls journalistes, ce qui a pour conséquence la multiplication des œuvres de flux, plateaux et magazines avec des sujets qui tournent en boucle et de réduire la portion d’heures qui pourrait être consacrée au documentaire ( en 2002, France 3 affiche royalement 159 H de programme documentaires coproduits avec 69 indépendants, France 5, 412 Heures avec 152 indépendants, ARTE 362 heures avec 92 indépendants... et nous sommes 536 à produire du documentaire dont 169 en région.... chiffres CNC N°286 avril 2003 ),

est-il équitable que le genre documentaire soit relégué aux heures les plus tardives sous prétexte que celui-ci ne fait pas d’audience, alors que le cahier des charges de ces chaînes publiques précise que en aucun cas le caractère d’audience ne doit être pris en considération dans ce ENGINE de programmation ?

est-il équitable que les stations régionales de France 3 n’aient pas les mêmes obligations de production avec les indépendants, que la chaîne nationale, alors que leur cahier des charges précise une obligation d’aménagement du territoire ?

est-il équitable que les contrats passés avec ces mêmes chaînes ne proposent pas le même montant de cash que la chaîne nationale ?

est-il équitable de mettre au même niveau une structure de production artisanale qui pratiquerait la permittence, et pour qui c’est le seul moyen de produire des films, avec des structures pour qui ce système permet de faire des économies d’échelle et de pouvoir salarier des permanents à de très hauts niveaux ?

allons nous vers un avenir équitable , lorsque les détenteurs de la pensée unique toujours en action, découvrant que le documentaire peut faire de l’audience dans certaine conditions, ne va plus favoriser que les projets internationaux à grand spectacle, sur des sujets à la mode, confiés sous forme de commandes aux sociétés les plus performantes, avec des réalisateurs vedettes ?

etc...

Je ne vais pas passer en revue tous les dysfonctionnement, simplement ceci pour affirmer que nous avons peut être en cette période de bouleversement, une occasion unique qui pourrait être historique, d’instaurer un débat constructif entre nous, d’obliger les pouvoir publics et nos institutions à réaliser une consultation démocratique. Comme la coordination des intermittents est entrain de le faire, nous pourrions réfléchir et établir des propositions et contre propositions qui parieraient sur l’intégration et non l’éradication.

Bien sûr ! cela demande de la lucidité, de l’énergie, du travail, de la cohésion et sûrement beaucoup de courage et de générosité.

Méfions nous du discours dominant et de la culpabilisation qui est entreprise pour faire baisser la tête aux sacrifiés, ce sont les mêmes qui jettent à la rue après des années de bons et loyaux services des centaines de personnes, en les traitant ensuite de fainéants pour réduire leurs allocations chômages, ce sont les mêmes qui détiennent le pouvoir au sein des médias et les amitiés politiques nécessaires pour faire évoluer ce secteur dans le sens qui les favorise (quand ce ne sont pas ces mêmes hommes politiques qui détiennent des intérêts dans les dites multinationales).

Bien à vous,

Chantal Teyssier
Regard Nomade
le 22 septembre 2003

PS : les chaînes locales et thématiques viennent de recevoir une recommandation obligatoire du CNC qui est d’apporter la preuve de leurs apports en industrie et de ne pas co-produire des documentaires dont la thématique ne serait pas locale .....( informations Christian Lelong de Cinédoc).



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