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le 25/02/2006

Lettre ouverte à M. Jean-Jacques Aillagon (11/09/03)

document Fedurock
Eric Boistard, Michel Audureau,


Le 8 juillet dernier, lors de l’Assemblée Générale de la Fédurok au « Run ar Puns » à Châteaulin (Finistère), M. André Cayot, conseiller technique aux musiques actuelles à la DMDTS et Mme Bernadette Rousseaux, en charge du dispositif « Scènes de Musiques ACtuelles » (SMAC) à la DMDTS, ont exposé les grandes lignes de la politique de votre ministère en direction des lieux musicaux .






L’ensemble des lieux présents a accueilli sans surprise cette orientation sélective autour de la notion de lieux structurants qui était évoquée dans la Directive Nationale d’Orientation (DNO) de février 2002. Nous avions déjà signifié notre désapprobation de ce processus de sélection tant dans la méthode que dans ses objectifs.

Nous avons été particulièrement choqués ce 8 juillet de constater :

a.. l’existence d’une liste qui établit un classement de 45 lieux d’ores et déjà sélectionnés comme « structurants » et de 28 autres pouvant l’être dans l’avenir, sans critères objectifs d’observation et d’analyse mais avec, comme nouveau et unique critère, celui du niveau de participation financière des collectivités territoriales ;

b.. le retrait du Ministère de la Culture à l’orée 2005 dans le soutien à une centaine de lieux sans qu’aucun système de compensations n’ait été envisagé ;

c.. la remise en cause de l’exception et de la diversité culturelles, que revendique notre pays tout entier, par le démantèlement d’un dispositif, rempart essentiel contre la seule marchandisation des musiques d’expression populaire ;

d.. l’absence d’objectifs d’aménagement, de développement et d’équilibre des territoires dans la réflexion du Ministère de la Culture ;

e.. l’exclusion des petits lieux principalement en milieu rural ou dans les quartiers et communes périphériques des grandes villes, à l’économie la plus difficile ;

f.. l’abandon global de l’État d’espaces de socialisation, alors même qu’ils représentent un maillon essentiel de l’irrigation culturelle au plus proche des populations concernées, pourtant variées et nombreuses ;

g.. le refus d’admettre un nombre suffisant d’outils indispensables à l’expression et à la maturation des évolutions artistiques de ces musiques, alors que l’on constate un manque incontestable de moyens de pratiques, de production et de diffusion équitablement répartis sur le territoire.

Cette annonce participe du mépris manifesté à l’égard de notre secteur de droit privé non lucratif avec : la réforme du régime intermittent, la difficile consolidation des emplois jeunes, l’augmentation des charges patronales et salariales, la réduction de l’ensemble des moyens publics d’État (Jeunesse, Éducation, Politique de la ville, FASIL, FONJEP, .), l’application souvent zélée de réglementations inadaptées (bruit, horaires d’ouverture, .), l’inquiétude quant à l’évolution des missions de service public du Centre National des Variétés et l’absence des musiques actuelles, pour ne pas dire des Scènes de Musiques ACtuelles dans les projets de décentralisation du Ministère de la Culture et les contrats de plan.

Les dégâts sont déjà considérables et profonds : fermetures, licenciements de personnel permanent, réduction drastique du nombre de concerts, endettement croissant de nombreux lieux, vieillissement accéléré des matériels techniques, abandon d’activités de services (répétition, accompagnement, information, .) et de toutes idées d’évolution malgré des attentes fortes de la population.

Nous constatons que le Ministère de la Culture semble vouloir se cantonner majoritairement dans la seule logique dominante des industries culturelles.

Depuis mai 2002, la seule action du Ministère de la Culture en direction de notre secteur musical a été la baisse de la TVA sur le disque, pourtant aléatoire mais hautement symbolique de sa vision étroite de l’économie de la musique.

Pourtant, alors que les « majors » se partagent 80 % des ventes de disques, le pourcentage des artistes signés par elles et programmés dans les SMAC ne dépasse pas 20 %. La quasi-totalité des artistes qui se produisent dans ces lieux n’est pas diffusée sur les grands réseaux radiophoniques et télévisés nationaux. La scène représente pour eux le seul moyen de construire leur répertoire et de rencontrer un public.

La réduction du nombre de lieux et la déchirure que provoquerait le Ministère de la Culture dans le début de maillage augmenteraient cette logique destructrice. La pression des industries culturelles se fera encore plus forte. Les lieux restants dits « structurants », au développement encore très hypothétique, seront insuffisants pour accueillir les artistes émergents souvent en marge de la grosse industrie musicale et les pratiques amateurs n’auront plus la possibilité de se produire de façon décente.

Paradoxalement, ces musiques bénéficient d’un intérêt croissant et continu, bien sûr de la jeunesse - mais pas seulement - en terme de fréquentation de concerts mais aussi - et c’est peut-être le plus important - en terme de pratique artistique et d’action culturelle. Elles portent en elles des histoires humaines collectives fortes qui ne se limitent pas à la consommation de produits industriels.

Les collectivités locales sont de plus en plus conscientes de cela, et pour un certain nombre d’entre elles, sont désireuses de répondre aux attentes des populations ; mais elles souhaitent être rassurées dans leur démarche par un cadre de développement lisible, une réglementation adaptée et les signes d’une politique volontariste de l’Etat.

Or nous en sommes loin !

S’impose actuellement plutôt un cadre administratif et politique, qui n’intègre pas cette nouvelle génération d’équipements culturels et ces pratiques et marginalise de fait les différents acteurs.

Par le démantèlement d’un ensemble d’initiatives diverses issues du terrain, associant souvent collectivités territoriales et acteurs artistiques et culturels, c’est la tentation de contraindre l’ensemble des pratiques professionnelles et amateurs à se diriger vers les institutions publiques, ayant pourtant atteint les limites de leur développement et leur capacité à répondre à la majorité de ces besoins nouveaux.

Nous ne pouvons nous résoudre à penser que vous ne nous entendez pas.

C’est pourquoi, nous vous demandons, solennellement, Monsieur le Ministre :

a.. de rassurer au plus vite les acteurs du spectacle vivant musical et les collectivités territoriales ;

b.. un plan d’aide supplémentaire et immédiat aux actuels SMACs, réseaux et autres lieux musicaux ;

c.. une définition précise des responsabilités des collectivités territoriales et de l’Etat quant au soutien des scènes musicales qui garantie leur développement ;

d.. la mise en place d’une mission parlementaire visant à poser à plat l’ensemble des problématiques du secteur des musiques actuelles et de préciser concrètement les enjeux et les modalités d’une politique publique le concernant.

Enfin, nous demandons la mise en place, au plus vite, au niveau national mais aussi régional, d’un cadre de concertation véritable qui associe les lieux, les représentations professionnelles et les représentants des collectivités territoriales, dans le but de retravailler :

a.. sur les objectifs et cahier des charges du dispositif SMAC ;

b.. sur sa consolidation financière et sa pérennisation ;

c.. sur les cadres administratifs et réglementaires de développement des lieux en général et de l’accompagnement des pratiques artistiques (pratiques amateurs et professionnelles) ;

d.. sur l’inscription de ces pratiques artistiques et culturelles dans les politiques de décentralisation et de planification définies entre l’État et les collectivités territoriales.

Vous pouvez être certain de notre engagement sur ces différents points, et nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre considération.

Le 18 juillet 2003,

Eric Boistard,
Président de la Fédurok.

Michel Audureau,
Président de la Fédération des Scènes de Jazz et de Musiques Improvisées.



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