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le 26/09/2007 par Laurie Blazy

« Toulouse, la ville aux 25000 artistes »

rencontres Toulouse : L’Europe en Chemins
Intervention de Laurie Blazy (le 21/09/2007)


Dans le cadre des rencontres "Toulouse : l’Europe en chemins" organisées par l’association Toulouse 2013, Laurie Blazy, coordinatrice du Couac était invitée à la table ronde sur les "Chemins de demain : quelles ambitions pour 2013 ?". Le propos étant de "questionner l’avenir, d’interroger le sens et les ambitions de cette candidature", de réfléchir aussi aux chemins du développement territorial. C’est sur le mode de l’anticipation (d’aucuns diront de la science/politique-fiction) que l’on a voulu cheminer.






Merci de me donner la parole en ce jour où Toulouse inaugure son titre tant mérité de Capitale Européenne de la Culture. Mérité eu égard au chemin parcouru depuis 2007, par la ville et par les différentes collectivités territoriales, mais aussi par l’Etat. Chemin qui a donné le développement territorial que l’on sait.

Autorisez-moi un petit retour en arrière. En 2007 Toulouse avait des potentiels certains dans la perspective d’un positionnement européen :
- Au niveau patrimonial bien sur avec une très grande richesse et diversité. Ne parlons pas des nombreux chantiers de recherche et des valorisations qui ont eu lieu depuis.
- Au niveau des arts vivants, de la photo, du cinéma et de l’audiovisuel : avec des équipements de références dans l’ensemble des domaines, qui ont depuis été complétés par un lieu dédié aux musiques actuelles et un lieu dédié à la danse.
- Au niveau de la démocratisation et de la démocratie culturelle : avec un important réseau d’équipements de quartiers requalifiés depuis avec une dimension culturelle et les friches de résidence.
- Sans oublier les projets inscrits au premier contrat d’agglomération qui renforçaient déjà cette dynamique.
L’importance de la population étudiante, le potentiel de développement culturel des universités notamment au niveau de la culture scientifique et technique et le dynamisme des centres culturels étrangers s’ajoutaient à ces atouts.

Il faut, je crois savoir faire un peu d’autosatisfaction et reconnaître les réelles avancées opérées à différents niveaux et pas seulement, loin s’en faut, dans le seul secteur culturel.
Il y a 5 ans existait encore le Couac à Toulouse. A cette époque, les acteurs culturels de ce territoire se demandaient quels étaient les meilleurs moyens pour travailler ensemble... Rien n’était simple entre porteurs de projets, techniciens, élus. Et puis, chacun connaît la suite : une prise de conscience qui a essaimé en divers endroits, suffisante pour créer une dynamique et une envie de culture, des progrès formidables en si peu de temps qu’au cours de l’année 2008 le Couac n’avait plus qu’à s’auto dissoudre.

C’est en effet autour de ce projet pourtant modeste de SMAC que la Ville s’est saisie de l’opportunité d’un véritable dialogue avec les acteurs culturels, dans le cadre d’une concertation tous azimuts et qui a donné lieu à un projet reposant sur une intelligence de co-construction et une mise en réseau de l’existant. Cet épisode s’est depuis si souvent répété que cela nous semble une évidence mais il faut savoir mesurer cette avancée considérable qui a permis aux différentes collectivités, à la DRAC, et autres acteurs de la cité de fonder dès le printemps 2008 cette Association Pour la Concertation Permanente qui a depuis pleinement prouvé son efficacité.

Ce n’est pas seulement une histoire de méthode, d’ailleurs. C’est bien l’ambition dont ont su faire preuve ces différents acteurs associant non seulement une grande majorité des porteurs de projet culturels et artistiques mais aussi des représentants et acteurs d’autres secteurs (politique de la ville, éducation, logement, transports, environnement...) des habitants (du centre et des quartiers périphériques) qui a permis d’aller progressivement mais sûrement vers ce partage durable d’une culture commune, d’une culture inscrite au cœur du projet politique d’un territoire. Comment une nouvelle fois ne pas se féliciter de voir les moyens dont peut disposer le désormais premier adjoint de la ville de Toulouse en charge de la coordination des affaires culturelles ? Comment apprécier à sa juste valeur le triplement du nombre de Directeurs des Affaires Culturelles de Midi-Pyrénées qui se réunissent prochainement en congrès avec leurs homologues européens ?

Bien évidemment cela ne s’est pas fait du jour au lendemain, et il faut souligner le formidable effort financier consenti par les collectivités. Effort qui s’est traduit par une rapide mise aux normes d’accueil public d’un certain nombre de lieux qui participent aujourd’hui pleinement de cette effervescence culturelle. Poser comme préalable le principe de la concertation, et apporter à cette concertation une réelle ambition, cela a sans doute été l’élément déclencheur.

Imagine-t-on encore qu’il y a 5 ans dans une ville méridionale comme Toulouse, le métro fermait à 00h42 (et encore le week-end) ?

En quelques années, prenant le réflexe de s’appuyer sur l’existant, sur ses acteurs culturels, sur ses artistes, la ville a initié une série de grands projets reliant des domaines divorcés (sport et culture sur l’île du Ramier par exemple). D’importants gestes architecturaux ont surgi au centre comme en périphérie. Le lancement du programme « un diplôme/un logement » a répondu en partie à la crise du logement étudiant. La construction d’un nouveau parc de logements sociaux a obéi au principe d’y réserver 1 atelier-logement d’artiste pour 10 logements construits.

L’Europe s’est rapprochée : Le TGV relie enfin Toulouse à Paris et à Barcelone, chacune en moins de 4 heures. Les échanges culturels entre ces trois « capitales » sont porteurs de rencontres chaque jour plus intéressantes et plus enrichissantes.

La nouvelle devise de la ville « Toulouse, la ville aux 25 000 artistes » a fait grincer les dents de ceux qui ont d’abord pris cela pour un pied de nez à la politique migratoire établie au plus haut de l’Etat.

Toulouse revendique aujourd’hui la primauté des droits culturels au sein des droits de l’homme, comme droit d’accès de chacun aux ressources nécessaires à son développement personnel et social.

L’exemple toulousain a permis une prise de conscience globale. La mise en place au niveau national en 2009 d’une mission interministérielle reprenant en l’amplifiant et en lui donnant de réels moyens ce qu’avait commencé à faire Michel Duffour en 2001 alors secrétaire d’Etat au patrimoine et à la décentralisation culturelle (c’est cela aussi l’ouverture) a impulsé une véritable dynamique en région qui s’est traduite entre autres par un schéma extrêmement novateur d’éducation artistique, mais aussi par une politique affirmée de diffusion en région.

Ce décloisonnement volontariste de la politique gouvernementale (loin de l’atrophie imaginée dans un premier temps) a induit des bouleversements fondamentaux qu’on n’imaginait pas, prouvant aussi que des situations jugées immuables pouvaient changer à condition que les citoyens s’en emparent explicitement, qu’un mouvement se crée et qu’un débat en profondeur s’instaure. A tout cela s’est ajoutée encore la réelle prise en compte des moyens nécessaires.

Lorsque le protocole 2006 régissant les conditions d’indemnisation chômage des intermittents du spectacle, de l’audiovisuel et du cinéma a finalement été abrogé en 2008, qui aurait imaginé que ce principe de solidarité interprofessionnelle allait essaimer dans d’autres branches connaissant des périodes d’emploi discontinu, et qu’il allait être adopté au niveau européen ?

Au niveau européen justement, certains réflexes ont pu être abandonnés : nous sommes passés d’une logique de concurrence, de compétition à une logique plus généreuse, et plus attentive aussi aux inégalités de territoire, d’un meilleur partage et d’un meilleur maillage culturels. Cette levée de boucliers d’acteurs culturels toulousains, bordelais, stéphanois, strasbourgeois, marseillais, niçois, lyonnais pour contrecarrer cette procédure éliminatoire et proposer que 2013 soit un temps d’échanges entre villes candidates a permis d’abandonner définitivement cette procédure mortifère et d’imaginer de nouvelles modalités de désignation partagées. Cela a été surtout l’occasion d’affirmer qu’il devait y avoir chaque année, dans chaque pays de l’Union Européenne, un temps culturel fort, générateur de rencontres artistiques et d’échanges. Et pour ce faire un opérateur délégué, comme Culturesfrance a pu donner toute sa mesure.

Pour conclure, je voudrais remercier l’équipe de Toulouse 2013 qui a su porter cette candidature en laquelle, c’est vrai, je ne croyais pas beaucoup début 2007. Vous n’étiez sans doute pas nombreux à y croire, mais vous avez c’est certain participé à créer ce nouvel état d’esprit, cette nouvelle envie, cette soif d’art et de culture parmi le plus grand nombre, et y compris parmi nos élites dirigeantes, ce qui n’est pas rien... Vous avez réussi à vous inscrire dans un principe et un souci d’exigence avant celui d’excellence...
Merci !



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Dossier spécial sur le site du Ministère

Communiqué du 21 mai 2007 ("Ouverture du concours pour la désignation en France de la capitale européenne de la culture 2013"), liens, textes officiels, contacts...


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Toulouse 2013

Un site internet dédié à l’événement.


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